Lettre de l'IDERM année 1998

Séance du 18 décembre 1997

La séance est ouverte à 18 h 15, sous la présidence de M. Paul Gourdot, vice-président de l'IDERM.

Y assistaient :

– Mesdames : Boyer, Camou, Damais, Denis, Gravier, Lambolay, Mainguy, Royer-Rastoll, Simon.

– Messieurs : Aboughaya, Cédot, Clancier, Culorier, Dagher, Delon, Denis, Foucaud, Garrigues, Gourdot, Guajardo-Adam, Guillaneuf, Lernoux, Ngom, Rouillard, Royer-Rastoll, Strauss.

Etaient excusés, outre nos amis de province : Mesdames Buisine et Colaneri ainsi que Messieurs Arnoux, Combes, Deval, Hyasine, Mollier, Porset, Ninin et Ruby.

Études et ouvrages à signaler :

Études

            • Premières manifestations de la Franc-Maçonnerie féminine en Espagne au XIX^ème siècle (1868-1898) ; thèse de Doctorat présentée par Suzanne Marza sous la direction du professeur Gérard Dufour, Université de Provence, Aix-en-Provence, 1997, 402 pp. .

            Une première partie rappelle le contexte politique et les courants intellectuels qui traversent l’Espagne du dernier tiers du XIX^ème siècle. L’auteur y dresse aussi le bilan de la place de la femme dans la société et les institutions ibériques de cette époque. Une deuxième partie présente le paysage maçonnique espagnol – qui apparaît particulièrement complexe durant cette période (pas moins de 15 obédiences !) – et la participation des femmes au travail des loges, soit dans le cadre d’une maçonnerie d’adoption, soit dans des loges originellement masculines puis devenues mixtes. Cette recherche se conclut sur une galerie de portraits de maçonnes espagnoles d’exception.

Ouvrages :

            • Comment la Franc-Maçonnerie vint aux femmes : deux siècles de Franc-Maçonnerie d’adoption, féminine et mixte en France 1740-1940 ; Gisèle et Yves Hivert-Messeca, Editions Dervy, ISBN 2-85076-940-1, 392 pp , 150 F.

Le livre s’ouvre sur ce qui est, à notre connaissance, la première étude approfondie – 151 pages – sur la maçonnerie d’adoption au Siècle des Lumières… On est surpris par l’ampleur du phénomène et l’on se demande parfois si l’on est pas en présence d’une Maçonnerie mixte de fait ! Il faut dire que les « Grandes Dames » du XVIII^ème siècle qui peuplaient les loges d’adoption n’avaient pas une conception résignée du statut de la Femme. Cette recherche nous présente ensuite les différentes tentatives conduites au XIX^ème siècle pour intégrer les femmes à la communauté maçonnique jusqu’à la création de l’obédience du Droit Humain en 1893. Avec la chronique des premières années de l’Ordre Mixte, on découvrira notamment que la plupart des féministes « historiques » de la fin du XIX^ème et du début du XX^ème siècles furent aussi des maçonnes engagées. Les auteurs étudient enfin le réveil, au XX^ème siècle, d’une Maçonnerie spécifiquement féminine. Voici un ouvrage remarquable qui associe enquête historique rigoureuse et agrément de lecture.

            • La Clé d’Hiram, les Pharaons, les Francs-Maçons et la découverte des manuscrits secrets de Jésus, Christopher Knight et Robert Lomas (traduit de l’anglais), Dervy, ISBN 2-85076-922-3, 439 pp , 159 F.

            En dépit de son titre, de sa présentation – et pour tout dire de ses prétentions – ce gros livre n’entretient que des rapports lointains avec l’Histoire : Alexandre Dumas ferait figure de Braudel à côté des auteurs de cet essai. C’est une succession de faits déformés, de rapprochements approximatifs et d’enchaînements que le plus léger soupçon d’esprit critique rend inacceptables. Ce qui est étonnant, affligeant diront certains, c’est le succès important de ce livre dans les milieux maçonniques anglo-saxons (ainsi il a été pendant des mois au centre des échanges du forum maçonnique de Compuserve). Souhaitons que le public français le prenne pour ce qu’il est… une belle histoire ! Notons néanmoins qu’il relève d’un genre très en vogue dans l’édition anglo-saxonne et à ce titre est intéressant comme phénomène de société. Le public anglais et américain connaît en effet tous les deux ou trois ans de véritables phénomènes d’édition, des best-seller vendus à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, qui proposent au lecteur des enquêtes pseudo-historiques visant redécouvrir l’Arche de Noé en Arménie, les trésors de Salomon en Éthiopie ou le baphomet des Templiers… à Rennes-le-Château.

            • Les rituels du Duc de Chartres, la vraie Maçonnerie des hommes et des femmes, Les Editions du Prieuré en collaboration avec le Musée de la Grande Loge de France, ISBN 2-84330-001-2, 333 pp , 350 F.

            Voici le fac-simile d’un recueil de rituels du XVIII^ème siècle accompagné d’une transcription bienvenue. On y découvre les rituels de la maçonnerie d’adoption, des trois grades des loges symboliques (que l’on appelera, à partir du début du XIX^ème siècle, le Rite Français) et d’un certain nombre de hauts-grades classiques. Un document des plus intéressants qui permet de découvrir les pratiques maçonniques du Siècle des Lumières (on admirera les belles reproductions en couleur des tableaux des grades). Le patronnage avantageux du Duc de Chartres ne relève que de l’hommage de l’auteur de ce recueil.

Ouvrages et périodiques à signaler :

Ouvrages :

         • Histoire de la Franc-Maçonnerie au XIX^ème siècle ; Tome I, par André Combes, Editions du Rocher, ISBN 2-268-027910, 454 pp , 185 F.

Coincé entre un XVIII^ème siècle flamboyant et la Troisième République où l’Ordre s’illustra par ses réalisations et son influence, l’histoire des loges au XIX^ème siècle apparaissait un peu comme le parent pauvre de l’histoire maçonnique. En quatre tableaux – la Restauration (1814-1830), la Monarchie de Juillet (1830-1848), la Seconde République (1848-1852), l’Empire Autoritaire (1852-1861) – avec une érudition précise et toujours claire, André Combes nous présente les hauts et les bas de la vie de l’Ordre dans une période où se sont peu à peu mis en place beaucoup des traits de la Maçonnerie actuelle.

         • Le Vatican et les Francs-Maçons ; par Léo Taxil, Reprint préfacé par Janos Molnar, Libris Editions, collection Acta Latomorum, ISBN 2-7444-0110-2, XIV+120 pp , 250 F.

Voici le troisième titre de cette collection de Reprints d’ouvrages maçonniques rares. L’intérêt de cette publication taxilienne – atypique par son style de recherche érudite – est de reproduire la plupart des textes de la condamnation vaticane (encycliques, discours, mandements…) de la Franc-Maçonnerie du XVIII^ème à la fin du XIX^ème siècle.

         • Mystique des tailleurs de pierre ; par Jean-François Blondel, Editions du Rocher, ISBN 2-268-027627, 162 pp , 110 F.

Sous un titre un peu commercial, voici un petit volume fort utile qui fait le point sur ce que l’on peut vraiment savoir des « Bâtisseurs de Cathédrales » ancêtres – peut-être en partie mythiques, nous n’entrerons pas dans ce débat – de la Franc-Maçonnerie spéculative.

         • Guide pour devenir franc-maçon ou franc-maçonne ; sans auteur, Editions du Rocher, ISBN 2-268-027902, 162 pp , 110 F.

Si nous signalons la nouvelle édition de cette publication c’est parce qu’elle présente l’ensemble des obédiences françaises, des grandes institutions aux petites chapelles… et leurs histoires. Le principe est intéressant puisque chaque obédience a été invitée à se présenter elle-même. L’historien notera cependant que les passages historiques relèvent souvent plus de l’histoire rêvée que de l’investigation scientifique. Mais l’«histoire sainte» peut constituer un document… pour les historiens de demain !

Périodiques

         • Politica Hermetica n°11-1997, la dernière livraison de cette revue annuelle publie les Actes du Colloque 1996 : Pouvoir du Symbole, tenu à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne.

         A propos du symbole « ésotérique » par Bernardo Schiavetta ; Courants renaissants de réforme spirituelle et leurs incidences par J.-P. Brach et P.-L. Zoccatelli ; Le langage d’images de Court de Gébelin par Anne-Marie Mercier-Faivre ; La consécration du temple de la Mére-Loge écossaise du Contrat social à l’Hôtel de Bullion rue du Coq-Héron le 13 décembre 1779 par Pierre Chevallier ; Polysémie symbolique dans un discours maçonnique chrétien (1812-1813), le cas de François-Nicolas Noël par Jean-Pierre Laurant ; Le grade maçonnique de Rose-Croix et le christianisme : enjeux et pouvoir des symboles par Pierre Mollier ; La Franc-Maçonnerie comme religiosité séculière par Luc Néfontaine ; La symbolique du corps dans la pensée juridique et politique de Georges Renard par Michel Bouvier ; Le temple des droits de l’homme d’Yvan Theimer : de la commémoration à la pédagogie politique par Julien Feydy ; Le monument aux droits de l’homme et du citoyen et la franc-maçonnerie par Andrée Buisine ; La renaissance du culte hitlérien : aspects mythologiques et religieux du néo-nazisme par Nicolas Goodrick-Clarke.

         • Frédéric Bastiat et le cercle maçonnique bayonnais,par Jean Crouzet dans Le Maillon n°60, novembre 1997.

         Frédéric Bastiat (1801-1850) est l’une des figures de l’économie politique libérale et de la théorie du libre-échange. Cette étude approfondie fait le point sur le milieu maçonnique qu’il fréquentait et son engagement au sein de la R\L\ La Zélée (Or\ de Bayonne).

Ouvrages et périodiques à signaler :

Ouvrages :

       • Les sources maçonniques du socialisme français ; par Paul Gourdot, Editions du Rocher, ISBN 2-268-027821, 313 pp , 150 F.

Du XVIII^ème siècle, Paul Gourdot retrace le passage de l’idée d’égalité aux premières œuvres philanthropiques animées par les loges. Après la Révolution on assiste à quelques essais de réflexion maçonnique sur les problèmes de solidarité humaine comme ce plan d’assurances sociales avant la lettre proposé par Bacon de la Chevalerie en 1796. Mais c’est dans la première partie du XIX^ème siècle, et singulièrement dans les années précédant la Révolution de 1848, que certaines loges vont discuter des idées nouvelles. La Franc-Maçonnerie est le premier exemple d’organisation sociétaire donné par Fourier en annexe de sa Théorie des Quatre Mouvements et la loge La Clémente Amitiéorganisera des cours de Fouriérisme ! Après l’échec de la Deuxième République, nombre d’anciens quarante-huitards se retrouvèrent à couvert dans les loges… en attendant la Commune où les frères jouèrent un rôle actif. Cet ouvrage est tiré d’une thèse d’état soutenue par l’auteur, c’est dire le sérieux de la recherche.

       • La Franc-Maçonnerie française sous la Troisième République ; par Mildred J. Heading, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-Thérèse Gravier, Editions du Rocher, ISBN 2-268-02783X, 313 pp , 140 F.

Près de cinquante ans après sa parution aux Etats-Unis (1949), on ne saurait trop remercier Marie-Thérèse Gravier de nous proposer une traduction de ce classique. L’historienne américaine présente la chronique méticuleuse du travail des loges pour l’établissement et l’enracinement de la République en France. On peut seulement regretter que l’éditeur français n’est pas jugé bon de publier tout le corpus de notes qui était l’une des richesses de l’ouvrage original.

• Ordre Illustre de la Stricte Observance ; Manuel d’instruction à l’usage des frères de la III^ème Province de l’Ordre, Editions Opéra (1, allée des Vinaigriers, 44300 Nantes), ISBN 2-90806877-X, 162 pp , 96 F.

La Stricte Observance est de retour ! c’est un secret… mais il faut que cela se sache, d’où cette publication. Si nous signalons cet ouvrage, c’est que les textes de ce manuel sont pour la plupart des transcriptions des documents originaux de la Stricte Observances tirés de diverses archives.

Périodiques:

       • Heredom, the transactions of the Scottisch Rite Research Society,Volume 5, 1996 (la Special Membership, qui comprend l’envoi du volume annuel, est ouverte à toute personne ou organisation s’intéressant à l’histoire du R\E\A\A\ : 20 $ par an à envoyer à The Scottish Rite Research Society, Ill. Plez A. Transou, 33°, Secretary ; P.O. Box 1850, Dallas, TX 75221-1850 USA)

       A philosophical background for masonic symbolism par W. Kirk MacNulty ; Funding the temples of masculinity par William D. Moore ; On the origins of the Prince Hall Scottish Rite rituals par Art de Hoyos ; Themes and variability in the 28^th degree par Norman D. Peterson ; Did early « high » or écossais degrees originate in France par Alain Bernheim ; The christian right and the Scottish Rite par William M. Fox ; The confession of Leo Taxil par Alain Berheim, A. William Samii & Eric Serejski ; The degree of Senior Architect par S. Brent Morris & Eric Serejski ; Scottish Rite Freemasonry and Opus Dei in Mexico par Paul Rich & Guillermo De Los Reyes ; US recognition of french grand lodges in the 1900’s par Paul M. Bessel ; A skit on ancient ritual par James L. Sieber ; Masonic stones of the Waschington monument par Gary T. Scott.

       • La Lettre de la R\L\ d’études et de recherches William Preston, Compte-rendu du 4^ème trimestre 1997, éditeur : L.N.F. « Beth » B.P. 154 – 92113 Clichy Cedex.

       Informations bibliographiques et actualité de la Maçonnerie anglo-saxonne : présentation de Freemasonry Today la nouvelle revue maçonnique anglaise et de Theater of the Fraternity 1896-1929. Recherche en cours : Les mystères des Trois coups distincts : les inconnus d’une divulgation anglaise.

       • Chroniques d’Histoire Maçonnique Lorraine, n°4, janvier 1998, Institut Lorrain d’Etudes et de Recherches Maçonniques, (ILDERM : 15, rue Drouin 54000 Nancy ; adhésion annuelle 160 F avec la revue ; abonnement simple, 1 an, 3 numéros, 120 F ; prix au numéro 40 F).

       La loge « Les Frères Amis Réunis », une loge bénédictine en 1789 à l’orient de Bouzonville par Molin ; Bibliographie de Charles de Villers par O.J. Clément ; Sur l’établissement de la Franc-Maçonnerie en Lorraine par André Courbet ; Franc-Maçonnerie et législation sociale, l’exemple de la loi de 1898 par Francis Hazotte ; Le rapprochement Franco-Allemand ou la question de la Paix par Jean-Claude Couturier ; Erratum : notes sur les Francs-Maçons des loges allemandes de la Moselle par Bernard Reimeringer.

Ouvrages et périodiques à signaler :

Ouvrages :

       • Indépendance et Progrès, 1897-1997 Cent ans de Franc-Maçonnerie Calaisienne ; par René Duvent, 162 pp.

Il n’y avait plus de loge à Calais depuis 1854 lorsqu’en 1887 un nouvel atelier, Le Réveil du Calaisis (G.O.D.F.), restaure la présence maçonnique dans cet orient. Cette loge s’engage d’emblée dans un soutien sans faille à la politique de construction républicaine. Le contexte est hostile – l’opinion conservatrice et cléricale est puissante dans le département – et leur engagement maçonnique vaudra à quelques frères des désagréments certains (révocations, mutations, brimades diverses). Cependant cette implication dans la politique amène aussi des tensions dans l’atelier du fait notamment de la rivalité entre courants socialistes, particulièrement vives dans le Pas-de-Calais. C’est l’origine de la création d’Indépendance et Progrès en 1897. Ces chroniques et anecdotes d’une loge centenaire du Grand Orient sont passionnantes car elles sont un témoignage direct, concret, plein de saveurs, et parfois d’amertume, sur un siècle d’histoire de France. On comprend mieux la place qu’a pu tenir un atelier maçonnique dans la vie d’une métropole régionale. Cette monographie est aussi très riche du point de vue de l’histoire maçonnique car Indépendance et Progrès fut un véritable pôle autour duquel s’organisait la vie des loges de la région. Ainsi, en 1935, quelques frères de la loge créent Justice et Fraternité sous l’obédience de la Grande Loge Ecossaise Rectifiée de Camille Savoire ; à la suite de la fusion des obédiences cet atelier passe ensuite à la G.L.N.F. où il retrouve les frères de Godefroy de Bouillon, un petit atelier constitué sous les auspices de ce qui était alors la G.L.N.I.R. . Mais en 1953, la G.L.N.F. leur interdisant la visite d’Indépendance et Progrès les frères se placent sous l’obédience d’une éphémère Grande Loge du Régime Rectifiée de France avant de rejoindre, quelques mois après… la Grande Loge de France.

Périodiques

       • Rennaissance Traditionnelle n°110-111 (B.P. 161 – 92113 Clichy Cedex).

       Ce numéro présente les actes du colloque organisé par la revue en octobre 1997 à La Défense sur le thème Les hauts-grades maçonniques au XVIII^ème et XIX^ème siècles : sources et histoire : Introduction générale par Antoine Faivre ; Naissance des hauts-grades : le grade de Maître et les « autres grades » par Roger Dachez ; Nouvelles lumières sur la Patente Morin et le Rite de Perfection par "Pierre Mollier" ; Le grade de Rose-Croix : les sources du Nec plus Ultra par Michel Piquet ; Regards sur le problème des hauts-grades en Angleterre au XVIII^ème siècle par Michel Brodsky ; Les hauts-grades aux Etats-Unis de 1730 à 1830 par Brent Morris.

       • Points de Vue Initiatique n°107 et 108. Les dernières livraisons des Cahier de la Grande Loge de France (8, rue Puteaux 75017 Paris) proposent plusieurs articles touchant à l’histoire maçonnique.

       Dans le n°107 on notera : Qui sont les Maçons de Prince Hall ? par Allen E. Roberts. Un témoignage et une introduction sur l’histoire de la maçonnerie noire aux Etats-Unis par celui qui fut une des figures de proue de l’histoire maçonnique américaine. La révélation primitive selon Pierre Gordon par Jacques Fabry nous offre une étude synthétique sur cet auteur symboliste peu connu mais qui eut une influence en Maçonnerie, par l’intermédiaire d’André Doré par exemple. Claude Guérillot propose deux articles de Recherches sur l’histoire des premiers Ecossais qui résument les hypothèses et les éléments qu’il présentait dans le livre récent et passionnant qu’il a consacré à cette question.

Ouvrages et périodiques à signaler :

Ouvrages :

       • Symbolisme et Franc-Maçonnerie dans la Tétralogie Wagnérienne ; par Paul Legardien, Editions Zurfluh, Collection Analyses Actuelles, 68 pp.

       Wagner ne semble jamais avoir reçu la lumière, malgré une tentative à la Grande Loge de Bayreuth vers 1872, mais il vivait dans l’ambiance des loges et connaissait bien la Franc-Maçonnerie. Déjà Jacques Chailley, qui préface l’étude, soulignait combien le « déroulement intégral des scènes majeures de Parsifal [empruntait au rituel maçonnique] si scrupuleusement suivi à la lettre qu’il devenait indubitable que ces scènes en étaient le décalque et qu’évoquer une coïncidence passait les bornes de la vraissemblance ». L’auteur présente ici de nouveaux arguments en faveur de cette thèse et analyse l’œuvre de Wagner à la lumière du symbolisme maçonnique des hauts-grades.

       • La Profession des Rose-Croix d’Or ; traduit de l’allemand par Claude Arnoux, Editions Lacour, 1997, 27 pp.

Dans le cadre de sa recherche sur le courant hermétiste allemand qui s’est structuré autour du thème de la Rose-Croix aux XVII^ème et XVIII^ème siècles, Claude Arnoux nous propose là une traduction des règlements de l’Ordre et du serment des adeptes tels que les publie Sincerus Renatus (Samuel Richter) à Breslau en 1710. Il serait interessant d’étudier dans quelle mesure et comment ces textes ont été repris lors de la constitution, dans le dernier tiers du XVIII^ème siècle, du fameux système de hauts-grades maçonniques qui se donnait pour titre : Ordre des Rose-Croix d’Or. Voilà en tous les cas un document important pour cerner les liens entre les éventuels cercles hermétistes se réclamant de la Rose-Croix avant les années 1730 et l’intégration de ce thème symbolique dans les hauts-grades de la Maçonnerie spéculative quelques décennies plus tard.

Périodiques

       • Rennaissance Traditionnelle n°112 (B.P. 161 – 92113 Clichy Cedex).

       Au sommaire du numéro :

Un haut-grade templier dans les milieux jacobites en 1750 : l’Ordre Sublime des Chevaliers Elus aux sources de la Stricte Observance par André Kervella et Philippe Lestienne. Il faut souligner le caractère exceptionnel du document présenté et l’intérêt de l’analyse qui l’accompagne. C’est tout un pan de l’histoire des hauts-grades qui est remis en cause par cette découverte. La source commune tant de la Stricte Observance que du Chevalier Kadosh est donc un grade d’archéo-Kadosh dénommé Chevalier Elu et attesté en France dans des milieux gagnés à la cause des Stuart. Sa pratique est certaine en 1750 mais il existait probablement déjà depuis plusieurs années. Le Baron de Hund n’avait donc pas menti !

Une version inconnue du grade de Maître Ecossais de Saint-André et des grades de l’Intérieur, vers 1776 (II) par Roger Dachez et Pierre Mollier

Les origines du 33^ème grade du Rite Ecossais Ancien et Accepté par Jean-Pierre Lassalle. Après des considérations méthodologiques du plus haut intérêt, l’auteur propose 5 hypothèses pour expliquer l’apparition à Charleston en 1801 du 33^ème et dernier degré et le passage du Rite de Perfection en 25 grades au Rite Ecossais Ancien et Accepté en 33 grades.

Arch, Ark, Arche… par Roger Dachez. A propos du terme Royal-Arch, cet essai montre toutes les difficultés de traduire – ou mieux de transposer en français – le vocabulaire maçonnique d’origine anglaise.

Ouvrages et périodiques à signaler :

Ouvrages :

         • Anarchistes, francs-maçons et autres combattants de la liberté ; par Edouard Boeglin, Bruno Leprince Editeur, ISBN : 2-909634-24-8, 286 pp. , 120 F.

Jacques Roux, Gracchus Babeuf et Buonarotti, le général Malet, la Charbonnerie, Fourier et Considérant, Blanqui, Bakounine, Elisée Reclus, Louise Michel, Lafargue… ont en commun un engagement sans concession pour bâtir la cité idéale… et un lien avec la Franc-Maçonnerie. A travers cette galerie de portraits très documentés, la thèse de l’auteur est que cette minorité de maçons militants témoigne que l’essence de l’Ordre Maçonnique est de construire un monde meilleur.

         • Les trois siècles de la Franc-Maçonnerie française ; par André Combes, Editions Maçonniques de France, Collection « Histoire », 3^ème édition revue et corrigée, ISBN : 2.9038.4623.5 , 220 pp. , 100 F.

Cette fresque synthétique et équilibrée de l’histoire de la Maçonnerie dans notre pays était un classique épuisé. Cette troisième édition a été mise à jour quant aux nouvelles hypothèses sur l’apparition de la Franc-Maçonnerie spéculative et sur l’hitoire la plus récente des obédiences françaises.

         • Les Amis du Peuple, République je t’aime toujours et encore, 150 ans d’histoire d’une loge maçonnique du Grand Orient de France ; édité par Les Amis du Peuple (4, rue des Tables –Rondes, Pontoise), 1998, 178 pp.

On sait la contribution essentielle que les monographies de loges apportent à l’histoire de la Franc-Maçonnerie. Voici une étude fouillée et documentée sur une loge très attachante. L’atelier est donc créé dans l’effervescence de la Révolution de 1848, son titre distinctif ne fait pas mystère de l’orientation de ses fondateurs. La chute des démocrates-socialistes entrainera d’ailleurs une série de problèmes pour la toute nouvelle loge… Ces débuts un peu agités auguraient d’une vie maçonnique intense. Les auteurs de l’étude ont pris le parti de donner des transcriptions des documents et de présenter les principaux animateurs de la loge qui se sont passés le relais en un siècle et demi. Cela rend la lecture de cette monographie à la fois agréable et pleine d’informations pour l’historien.

         • Les Documents Maçonniques ; Les Editions du Dragon, un coffret avec les fac-simile des trente-trois numéros de la revue complétés par une plaquette de présentation par André Douzet et Bernard Prou, 1800 F .

Les « Documents Maçonniques » étaient la revue éditée par le régime de Vichy pour combattre la Franc-Maçonnerie. Ils présentent des articles de propagande anti-maçonnique mais aussi des études historiques, bien-sûr très orientées, ainsi que des documents. Ils sont donc intéressants pour l’historien à plus d’un titre. Les Editions du Dragon en proposent une réédition particulièrement soignée, accompagnée d’une bonne introduction en forme d’avertissement.

         • Bibliographia della Massoneria in Italia, appendice di aggornamento (dicembre 1997) ; par Enrico Simoni, Editions Bastogi, ISBN, 88-8185-124-5, 145 pp .

Voilà le supplément 1992-1997 de l’importante bibliographie publiée par Enrico Simoni en 1992. Il recense tous les articles et livres en italien traitant de Maçonnerie… mais aussi les textes parus dans d’autres langues concernant l’Ordre en Italie. Le tout est accompagné de très utiles index typologique, chronologique, topographique, des loges, des éditeurs, thématique, des périodiques et des noms.

Périodiques

         • Lettre aux catholiques amis des Maçons, n°35-11^ème année, automne 1998 (éditeur : Paul Pistre, 7, rue du Docteur-Bernardbeig, 31100 Toulouse).

         Nous signalons ici cette toujours sympathique publication car « La Lettre » consacre tout son numéro 35 à l’histoire maçonnique. Le dossier s’intitule « Vers une maçonnologie moderne ».

         • L’Esprit des Choses n°18 et 19-20(CIREM, B.P. 8 – 58130 Guérigny Cedex).

         Dans le domaine maçonnique, on découvre au sommaire de ces numéros : la continuation de l’édition du Manuscrit d’Alger, important document émanant de l’Ordre Maçonnique des Elus Cohens au XVIIIème siècle ; la publication des Arcana Arcanorum du Rite de Misraïm telles que rédigées par Armand Rombauts dans les années 1930 ; la suite de la publication du fac-simile et de la transciption des rituels de Cagliostro ainsi qu’une intéressante étude sur la Maçonnerie égyptienne du « Grand Cophte ».

Ouvrages et périodiques à signaler :

Ouvrages 

Les Editions Maçonniques de France lancent une nouvelle collection dirigée par Georges Lerbet . « L’Encyclopédie Maçonnique » a l’ambition de présenter les différents aspects de la  Franc-maçonnerie à la manière des «  Que sais-je ? » et au rythme de 12 volumes par an. Voici les trois premières publications de la « série historique ».

       • Franc-Maçonnerie et cosmopolitisme au siècle des Lumières, par Pierre-Yves Beaurepaire, Edition Maçonniques de France, coll. Encycl. Maç. , 127 p., 48 F .

Ce résumé de la thèse de l’auteur nous permet d’approfondir les aspects cosmopolites de la Franc-maçonnerie au XVIII^ème siècle, ses réseaux dans l’Europe des Lumières, le cosmopolitisme maçonnique à l’épreuve des lumières radicales, du nationalisme. Enfin il pose la question du cosmopolitisme du franc-maçon et du patriotisme du citoyen en remarquant que l’éveil des nationalités rendit le cosmopolitisme « neutre »  des francs-maçons des Lumières, obsolète, le disqualifiant au profit d’un universalisme militant qui mériterait d’être étudié.

       • La Devise maçonnique « Liberté, Egalité, Fraternité », par Charles Porset, Editions maçonniques de France ; Coll. Encycl. Maç. , 124 p., 48 F .

Ce livre fait le point, de manière fort judicieuse  sur toute la littérature  parue depuis 1848, date où fut adoptée dans les loges la devise républicaine comme acclamation. La conclusion de l’auteur est que les Frères de 1848 n’ont pas capté illégitimement cet héritage.

      • La Franc-maçonnerie mixte et le Droit Humain, par Noëlle Charpentier de Coysevoix, Editions Maçonniques de France, Coll. Encycl. Maç. , 127p. , 48 F.

Cet ouvrage développe  les difficultés qu’à éprouvé la Franc-maçonnerie mixte à prendre naissance et à se faire reconnaître dans l’environnement sexiste de la fin du XIX^ème siècle. On découvrira ainsi avec intérêt un aperçu historique de la plus ancienne obédience maçonnique initiant des femmes, mais aussi ses aspirations à l’aube de l’an 2000.

• Loges et Francs-maçons : Côte basque et Bas-Adour ( 1740-1940 ), par Jean Crouzet, Editions Atlantica, 331 p, 189 F.

Ce livre présente un recensement très attentif des Francs-maçons ayant appartenu aux loges maçonniques de la Côte Basque et du Bas-Adour entre 1740 et 1940. Ce travail de longue haleine intéressera tous les historiens locaux de la région de Bayonne, ils pourront ainsi découvrir les trésors que renferment leurs archives départementales et nationales. La première partie présente les Loges, la seconde partie  propose un dictionnaire des francs-maçons de la région.

• Armand Désiré Vignerod du Plessis Richelieu dernier Duc d’Aiguillon : Du despotisme d’un cardinal à la reconnaissance des droits de l’Homme, par Georges Renaud , Editions Detrad AVS, 1998, 192 p. ; 120 F.

Le Duc d’Aiguillon fait partie de ces Francs-maçons humanistes oubliés. Il proposa à l’Assemblée constituante en 1789 que soit proclamée l’égalité de tous à la naissance  et l’abandon des privilèges qui perduraient depuis plus de 1000 ans. L’auteur s’intéresse aussi à l’œuvre des Francs-maçons, aristocrates ou bourgeois de l’époque, qui espérèrent construire une royauté constitutionnelle.

• Des Rits maçonniques : des outils pour changer, par Philippe Langlet, Editions Dervy, 333p. , 120 F.

Ce second volume poursuit l’analyse des éléments de la réception d’un candidat en étudiant certains de ses aspects particuliers, en autre la prière. L’auteur suit les évolutions historiques des rituels et analyse le contenu des « Trois coups distincts ».

Périodique

Chroniques d’Histoire Maçonnique Lorraine, n°5, mai 1998, Institut Lorrain d’Etudes et de Recherches Maçonniques, (ILDERM : 15, rue Drouin 54000 Nancy ; adhésion annuelle 160 F avec la revue ; abonnement simple, 1 an, 3 numéros, 120 F ; prix au numéro 40 F).

Pour étudier l’histoire des loges maçonniques par Pierre Guillaume ; Une « doctrine positive » de la Franc-Maçonnerie sur le livre d’Henri Thiriet par Roland Clément ; Le mandement pour le carême de l’an de grâce 1868par Gianni Molin ; En prélude à un centenairepar Emile Gallé ; Les liens maçonniques entre la Lorraine et le Luxembourg par Olivier-Jamil Clément ; Vie et mort de Berthe Bouchet, collectif ; Hymne de Saint Jean de Jérusalem par Jean-Claude Couturier ; Indices sur l’activité maçonnique à Nancy au milieu du 19^ème siècle par Olivier-Jamil Clément ; La loge l’Harmonie à l’orient de Mirecourt par Olivier-Jamil Clément.

Etudes et ouvrages à signaler :

Etudes

       • La Franc-Maçonnerie coloniale au Maghreb et au Moyen-Orient (1876-1924) : un partenaire colonial et un facteur d’éducation politique dans la genèse des mouvements nationalistes et révolutionnaires, thèse présentée par Eric Anduze, sous la direction du Professeur Paul Dumont, Institut d’Etudes Turques et Ottomanes de l’Université de Strasbourg, 1996, T.I-408 p. , T.II-340 p. (documents).

Comment s’articule l’idéal humaniste professé par les Maçonneries française et italienne – parmi les plus influentes dans ces régions – et les nécessités de l’expansion coloniale à laquelle les maçons, hommes de leur temps, adhèrent globalement ? Voilà une thèse très stimulante qui présente un panorama érudit et nuancé de la question. Par ailleurs, si la présence maçonnique française au Maghreb et en Turquie a déjà donné lieu à des études et à des monographies, les chapitres consacrés à l’histoire des loges en Egypte, au Proche-Orient et au Moyen-Orient couvre un champ de recherche jusque-là inexploré. Un travail tout-à-fait passionnant qui fourmille d’informations inédites.

       • La Franc-Maçonnerie en Roussillon, pensée et pratique maçonnique en Roussillon à la fin de l’Ancien Régime, mémoire de Maîtrise d’Histoire Moderne présentée par Céline Sala sous la direction du Professeur Gilbert Larguier, Université de Perpignan, Juin 1998, 324 pp.

Une recherche sérieuse et complète qui présente la composition des loges, les idées développées dans les discours maçonniques, la place et le rôle des maçons dans la vie en Rousillon au Siècle des Lumières. La première loge, « La Sociabilité », a été créée à Perpignan en 1744.

Ouvrages 

       • Studia Latomorum & Historica, mélanges offerts à Daniel Ligou, colligés par Charles Porset, Honoré Champion, Paris, 1998, 493 p. , 385 F.

Un volume d’hommage à l’une des grandes figures de la recherche maçonnique contemporaine. Après d’utiles biographie et bibliographie du Professeur Daniel Ligou, on pourra lire des contributions touchant les trois domaines où il exerça ses talents : histoire du Protestantisme, histoire du Socialisme et histoire de la Franc-Maçonnerie : La Franc-Maçonnerie des Noirs américains par Andrée Buisine ; Le Frère de Lafayette et la Mère Loge Saint-Jean d’Ecosse du Contrat Social, 6 février 1782-6 août 1783 par Pierre Chevallier ; La Franc-Maçonnerie parisienne pendant le siège de la capitalepar André Combes ; A propos de la Marseillaise maçonnique de 1792, l’itinéraire d’un Franc-Maçon du Mans de 1787 à 1793par Roland Desné ; Le Cercle Social et la Franc-Maçonnerie par Marcel Dorigny ; Socialisme et Franc-Maçonnerie sous la Deuxième République espagnole : deux visions opposées par José Antonio Ferrer-Benimeli ; Georg Forster : de l’engagement maçonnique à l’engagement révolutionnaire par Marita Gilli ; Le recrutement des loges bisontines et son évolution dans la seconde moitié du XVIIIème siècle par Maurice Gresset ; L’armée et la Franc-Maçonnerie, débats au Parlement Belge (1883-1913) par Hervé Hasquin ; Le Grand Architecte de l’Univers, Riche-Gardon, l’Acacia et la maisonnée : la vie très brève, très agitée et très novatrice du Temple des Familles (1860-1863) par Yves Hivert-Messeca ; Le Crocodile de Louis-Claude de Saint-Martin (1799) ou le Paris fantastique d’une Révolution figurée par Nicole Jaques-Chaquin ; Socialisme et Franc-Maçonnerie par Denis Lefebvre ; L’abandon du Grand Architecte de l’Univers par le Grand Orient de Belgique par Jaques Lemaire ; Un système rationaliste de hauts-grades au XVIIIème siècle : les Elus de la Véritépar Pierre Mollier ; A propos du secret des Francs-Maçons, une référence jacobite (1705) ? par Alain Mothu et Charles Porset ; Quand la rumeur devient soupçon, initiation et spéculation : 1773-1792 par Pierre-François Pinaud ; Matériaux inédits relatifs à la loge Les Neufs Sœurs par Charles Porset ; Le vote des députés maçons espagnols en 1869 sur le débat religieux par Françoise Randouyer ; La Loge des Journeymen Masons d’Edimbourg ou la mentalité opérativepar Cécile Révauger ; Une recherche aboutie : 6000 Francs-Maçons normands de 1750 à 1848 par Eric Saunier et Claude Mazauric ; Librairie et Franc-Maçonnerie en France à la fin du XVIIIème siécle par Françoise Weil. Le tout suivi d’un index détaillé.

       • Franc-Maçonnerie et Religions dans l’Europe de Lumières, recueil dirigé par Charles Porset et Cécile Révauger, Honoré Champion, Paris 1998

Introduction par Charles Porset ; Ecosse et Angleterre : Les premiers indices écossais par David Stevenson ; L’Angleterre : vers une religion d’Etatpar Cécile Révauger. La France : Franc-Maçonnerie et Protestantisme par Daniel Ligou ; Antoine Court de Gébelin et le Mythe des originespar A.M. Mercier-Faivre ; Franc-Maçonnerie et Catholicitépar Bernard Plongeron ; La religion des Philalèthes par Charles Porset ; La Théophilanthropie par André Combes. La péninsule ibérique : Le cas espagnol et ibéro-américain par José Antonio Ferrer-Benimeli ; Le Portugalpar H.S. de Oliveira-Marquès ; Le clergé maçon au Portugal par João Pedro Ferro. L’Europe du Nord : Les Pays-Bas autrichiens par Jacques Lemaire ; Le Luxembourg par Alexandre de Stério ; L’Autriche par Helmut Reinalter. Conclusionpar Cécile Révauger. index détaillé.

Ouvrages à signaler :

Ouvrages:

            • L’Autre et le Frère, l’étranger et la Franc-Maçonnerie en France au XVIII^e siècle, par Pierre-Yves Beaurepaire, Honoré Champion, Paris, 1998, 872 p. relié, 680F.

Voilà la version presque complète d’une thèse remarquable et remarquée puisqu’elle a obtenu le « Prix Le Monde de la recherche universitaire en 1997 ». Alors que certains pensent faire œuvre de novateurs en voulant « faire l’Europe » en cette fin de XX^e siècle, on découvre que la Franc-maçonnerie du XVIII^e siècle était bien plus universaliste et cosmopolite que celle d’aujourd’hui. On peut ainsi parler « d’une République Universelle des Francs-maçons » avec ses réseaux, ses luttes d’influence, ses stratégies, mais aussi ses marginaux et ses exclus. L’auteur analyse la naissance et l’affirmation d’un cosmopolitisme maçonnique, la solidarité en faveur des francs-maçons étrangers : vecteurs d’une conscience maçonnique universelle, la construction de l’Europe maçonnique au travers des obédiences françaises et de leur politique étrangère, les francs-maçons étrangers dans la France des Lumières, les relations maçonniques franco-germaniques, franco-scandinaves et franco-suisses. Il passe ensuite en revue le rôle capital joué en faveur d’un rayonnement international par certaines loges comme Saint-Jean d’Ecosse de Marseille. Enfin ce livre se termine sur une question essentielle posée en forme de problématique : Comment articuler à nouveau cosmopolitisme et patriotisme ? Cette passionnante étude propose une importante bibliographie, précise ses sources, présente un glossaire et différents index. Ce livre est agréable à lire ce qui rajoute vraiment un plus à son caractère scientifique.

            • Hiram sans-culotte, par Charles Porset, Honoré Champion, Paris, 1998, ,448p. relié,360F.

Si la recherche « maçonnologique » a pris son essor depuis les trente dernières années, il est important de jeter un coup d’œil critique sur les travaux menés et d’en établir un état des lieux. C’est à cette œuvre de salubrité publique que s’est attelé un spécialiste du XVIII^e siécle, Charles Porset, en choisissant un titre un peu provocateur et teinté d’humour. Ce qui ne retire rien au sérieux et au caractère scientifique de l’ouvrage. Cette étude, bien qu’elle n’ait pas la prétention d’être exhaustive représente néanmoins le travail le plus complet écrit sur la maçonnerie des lumières de nos jours. Livre de référence pour les dixhuitièmistes, cette étude est particulièrement intéressante pour son importante bibliographie critique, sorte d’historiographie objective qui apporte et défriche remarquablement le sujet. Un important index termine cet ouvrage.

            • L’Antimaçonnisme, par Jérôme Rousse-Lacordaire, Pardès, collection B.A.BA, Paris, 1998, 117 p. , 64 F.

L’auteur distingue l’antimaçonnisme politique (contre-révolutionnaire en France, populiste aux Etats-Unis avec l’affaire Morgan et ses suites, totalitaire dans les états fascistes ou communistes) ; l’antimaçonnisme religieux (catholique dans les pays latins, protestants fondamentalistes dans les pays anglo-saxons… et orthodoxe en Europe de l’Est) et enfin l’antimaçonnisme… maçonnique avec les querelles entre courants maçonniques sur la nature de l’institution et sur la régularité ou l’engagement des loges dans la vie sociale. Une excellente étude documentée et synthétique sur un courant… presque contemporain de l’apparition de la Franc-Maçonnerie spéculative !

            • History of the United Supreme Council Ancient Accepted Scottish Rite of Freemasonry, Prince Hall Affiliation, Northern Juridiction, USA, 1881-1998, par Joseph A. Walkes, 1998, 296 p. (à commander à : The United Supreme Council, Scottish Rite Cathedral, 1514-20 Fitzwater Street, Philadelphia, PA 19146-2123, USA ; prix $ 30 frais d’expédition inclus).

Voilà un ouvrage tout à fait passionnant tant en terme d’histoire de la Franc-Maçonnerie que par les nombreux aperçus qu’il donne sur le fonctionnement communautariste de la société américaine. En effet, les hauts-grades de la Maçonnerie de Prince Hall se veulent le point de rencontre qui rassemble l’élite de la bourgeoisie noire. L’histoire du Suprême Conseil de Prince Hall croise plusieurs fois celle de la Maçonnerie française. Tout d’abord aux origines, puisque ce sont des français qui élèveront les premiers noirs américains au 33^e degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Ensuite, des contacts seront noués à plusieurs reprises entre des Maçonneries isolées par le système international de la régularité anglo-saxonne. Le dernier chapitre donne des éléments sur l’évolution récente des relations entre les Maçonnerie « PHA » (Prince Hall Affiliation i.e. noire) et « Caucasienne » (i.e. blanche) aux Etats-Unis. Evolution d’autant plus intéressante que ses conséquences devraient, à terme, se faire sentir sur l’ensemble des relations maçonniques internationales.